Depuis le plus loin que remontent mes souvenirs, il y a du sexe, du sexe et de l'amour. Je n'ai toujours pas compris pourquoi. Je ne trouve rien dans mon histoire pour expliquer cette obsession. J'ai commencé mon éducation sexuelle tôt tout seul, j'ai découvert plus tard Emmanuelle dans une armoire de mes parents, et puis après d'un côté Helmut Newton et de l'autre David Hamilton. De David Hamilton j'avais l'âge de ses trop jeunes modèles je ne me sens pas coupable de mes émotions de l'époque. De Newton il restait ce zeste de provocation. Et puis les Lui, les Playboy, Newlook. Mais quelque chose me manquait, cet érotisme standardisé certe me faisait bander mais... J'avais appris la photo, à travers mon frêre, j'avais vu aussi Jean-Loup Sieff, j'ai aussi découvert Adams et Weston et Rodtechenko . Un jour je me suis dit qu'il me fallait finalement faire mes propres images. À l'époque internet était balbutiant, il existait une association autour de Bordeaux, j'y ai rencontré des femmes formidables, la première qui m'a autorisé à mettre ma main sur son ventre, mais aussi qui m'a intimidé un jour où la badigeonant de cendre a jailli de son sexe un flot de mouille. Je me suis rendu compte que ma présence sur la photo changeait complètement la donne. J'ai écrit par ailleurs suffisament sur le sujet. Le plus important malgré tout est qu'à l'instant où ma main touche mon modèle la séance bascule sur autre chose, sur une relation un peu vraie, sur une prise de risque, sur mon obsession sexuelle qui revient, sur mon émotion devant une femme dont le corps frémis, où elle montre ce qu'elle cache si bien, où je montre ce que je cache si bien. J'ai beaucoup écrit sur le sujet, à droit à gauche à droite, il faudrait chercher.<+p>

Et j'ai aussi lu un peu Bataille, il y a un mot qui revient, la pléthore, et j'ai aussi un jour trouvé je crois dans le journal de Weston, l'idée que la photographie s'inscrivait dans la quantité, et le numérique est arrivé aussi, clic clic clic, le rythme du petit bruit photo après photos, si vite, si discret, si constant... j'ai fait des milliers d'images, des centaines de miliers. Parce que le sexe, le désir, le plaisir s'inscrit dans cet encore, cet épuisement qui n'est jamais atteind. La pléthore. J'ai envie, encore encore et encore. Envie de découvrir ton sexe, encore ,étonné de le voir ouvert, de le voir désirant, sans jamais comprendre ce désir féminin, se sentir à jamais intrus, alors recommencer encore parce que ce n'est pas entré dans mon cerveau.

Cette page est infinie, infinie comme mon désir, il vous suffit de cliquer et avec l'aide d'un hasard cybernétique vous plongez dans la répétition de mon désir, toujours pareil mais toujours différent, regardez l'eau qui coule dans le ruisseau, c'est toujours la même et jamais la même, mon désir mon envie est la même, mon désir s'écoule....

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