Brutalité

Défoncer la pelouse trop propre, arracher les fleurs artificielles, et plonger ses mains dans la terre boueuse. Dans cette terre sale et grouillante de vie. Se déchirer les mains aux ronces, se brûler aux orties, se calmer dans l'eau de la rivière limoneuse et froide.

Saisir le monde brut, sans maquillage, sans distance. Le monde immédiat. Toucher ta peau, jouir de ton odeur, me noyer dans tes cheveux. Chercher notre animalité, notre âme profonde, s'affrontrer sans haine. Lire ton histoire dans les marques de ta chair, tes cicatrices, tes blessures.

Prendre tout ce matériel et le jeter brutalement sur l'écran, le torturer, le triturer. Éprouver la joie des matières brutes qui se mélangent sans se dissoudre, qui explosent de cette richesse cachée. Recréer le chaos, tout retourner pour tout retrouver, l'image originelle, le sexe de la mère plein de sang, d'urine, de merde et de placenta, ce tohubohu magnifique.

Alors notre histoire, ce que nous avons vécu si intensément, n'est plus qu'une trace à la beauté explosive qui se devine en filigrane dans la litanie des images.